Richesse des lumières ; contraste des couleurs ; pluriel des eaux. La plaine du Vermandois, autour de Saint-Quentin, est bien plus qu’un prolifique grenier, bien plus qu’une terre de grandes cultures betteravière, légumière et céréalière. C’est vrai, tout ou presque y pousse en abondance, dans ces vastes parcelles, patchwork gourmand et sans fin qui se pare, selon la saison, d’or, de pourpre ou de brun.
Les cieux du Vermandois, eux, ont cette beauté lourde et lumineuse qui continue à inspirer les peintres, comme jadis ils émerveillèrent Matisse ou Quentin de la Tour. Entre la plaine et les cieux, les hommes ont tissé d’étranges liens. Oú que l’on soit, la flèche de la basilique gothique de Saint-Quentin se détache très nettement à l’horizon. Parfois, ce sont les curieux clochers de béton art-déco, dentelés comme de la fine ouvrage, qui semblent vouloir embrasser le ciel.
Mais la plaine a ses secrets. De nombreux chemins de traverse mènent à des bosquets, à des taillis, qui cachent eux-mêmes parfois les rives d’un minuscule ru. Comment imaginer qu’à quelques minutes à peine des grands axes, du côté de Trefcon, vous attend le cadre du Val d’Omignon. Plus au nord, qui soupçonne la présence, dans un taillis, des discrètes sources de l’Escaut.
L’œil repèrera plus aisément les canaux qui délimitent et traversent le Vermandois. L’Aisne est le second département de France pour l’importance de ses voies d’eau. Autour de Saint-Quentin, grande ville marchande, les canaux ont tout connu, depuis l’épopée des mariniers jusqu’au développement, aujourd’hui, du tourisme fluvial. Les plaisanciers sont toujours étonnés de découvrir l’étonnant souterrain de Riqueval, que les pénichettes ne passent que hâlées à un toueur, un remorqueur électrique.
La plaine, ici, est une véritable terre d’expériences.